Selon l’Organisation Mondiale de la santé (OMS), plus de deux milliards de personnes sont en surpoids dans le monde. Et 650 millions d’entre elles sont obèses. Si l’ampleur du phénomène est planétaire, depuis quelques années, l’obésité gagne de plus en plus de terrain sur le continent africain. Et les défis que doivent relever l’Afrique restent considérables car l’origine du problème est multifactorielle et complexe. L’obésité n’est pas uniquement liée à l’urbanisation croissante qui favorise les comportements sédentaires ou encore la transition nutritionnelle. Il y aurait également des facteurs environnementaux et des représentations favorables de l’obésité qui viendraient se surajouter au problème dans un contexte de possible prédisposition génétique. Cependant, des efforts ont été faits pour freiner cette épidémie et de plus en plus de personnes se sentent concernées par leur poids. Gros plan sur la situation de l’obésité en Afrique, ses enjeux et ses solutions possibles.
Une obésité grandissante dans les villes
Une vague de surpoids s’est installée en Afrique et c’est un véritable enjeu de santé publique. Aujourd’hui, la moitié des Ghanéens urbains seraient désormais « gros », comme un tiers des Togolais, Nigérians, Nigériens, Béninois, Ivoiriens ou Maliens d’après une étude publiée par le Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest (CSAO) de l’OCDE.
Ces pays représentent une Afrique qui connaît actuellement une transition nutritionnelle dans un contexte d’urbanisation rapide, caractérisée par l’évolution des habitudes de consommation alimentaire et par une activité physique réduite.
Avoir des rondeurs : un standard de beauté qui a un prix
Les standards de beauté d’Afrique de l’ouest notamment valorisent les femmes bien en chair, avec des hanches et des fesses, et les hommes avec du ventre. Au Sénégal, certaines femmes vont même jusqu’à mettre leur santé en danger en cherchant coûte que coûte à prendre du poids et en consommant des pilules, sirops, huiles, crèmes ou suppositoires.
Mais derrière cet attrait physique, l’obésité alliée à un manque d’activité physique et à un régime alimentaire déséquilibré, s’accompagne souvent de comorbidités importantes et le risque de souffrir de diabète ou d’hypertension artérielle est considérablement élevé. Au Ghana par exemple, parmi les principales causes, trois (les maladies cardiaques, accidents vasculaires cérébraux et cirrhoses du foie) sont liées au surpoids ou à l’obésité. Sans compter que les personnes obèses font également partie des populations vulnérables au Covid-19, un indice de masse corporelle (IMC) supérieur à 35 augmentant significativement le risque d’être placé sous respiration artificielle.
Des produits trop gras, trop sucrés, trop salés
Avec la mondialisation, la croissance du continent et l’influence de l’occident, les fast-food poussent comme des champignons dans de nombreuses villes africaines. Ils attirent une clientèle issue de la classe moyenne qui souhaite vivre à l’occidental. Cette offre en produits gras, sucrés et salés proposés par des firmes américaines contribue à ce phénomène d’obésité. Mais ces types d’aliments sont également présents dans les cuisines locales. Par exemple avec les ventes de beignets, ou de plats locaux comme le mafé Sénégalais ou le garba Ivoirien. Ces plats très riches étaient particulièrement adaptés aux activités traditionnelles d’agriculture ou de pêche. Mais l’urbanisation croissante depuis les années 1980 s’est accompagnée d’une sédentarisation des modes de vie et ces régimes alimentaires ne sont donc plus du tout adaptés.
L’extrême consommation de boissons sucrées qui sont omniprésentes partout dans les villes est aussi un facteur important, en particulier à cause du sucre qu’elles contiennent qui est un grand responsable de l’obésité.
Comment lutter ?
L’obésité étant reconnue comme un véritable phénomène de santé publique, certains pays ont dores et déjà mis en place des politiques adéquates pour tenter de lutter contre ce fléau. En Afrique du Sud par exemple, dans le but de décourager les populations de consommer des boissons sucrées et riches en calories, le gouvernement a récemment voté une loi pour taxer ces boissons. Cette mesure rencontre déjà un franc succès en réduisant la consommation de ces boissons et par la même occasion l’obésité.
Au Ghana, des entreprises veulent aussi faire manger la population plus sainement, comme EatHealthy qui tente de changer les habitudes alimentaires des ghanéens en préparant des produits locaux à base de fruits et légumes et en les livrant frais ou prédécoupés prêts à consommer.
L’obésité est un phénomène assez complexe, les facteurs explicatifs sont pluriels et exigent donc des actions plurielles. Si les états misent sur la lutte contre les pesticides qui contribue à l’état nutritionnel des jeunes filles en âge de procréer, sur la régulation du commerce pour réglementer la publicité, sur la régulation des prix, des produits sucrés et des aliments riches en graisse, et que les populations sont informées sur les risques de l’obésité, mangent plus sainement tout en s’accordant du temps pour faire des exercices physiques pendant 15 à 30 minutes par jour, alors tous les moyens seront mis en place pour réduire l’obésité et par la même occasion éliminer le diabète et les maladies cardiovasculaires sur le continent africain.